Je n'en pouvais plus de l'air humide et de tout ce voile opaque et gris et puant sous le ciel qui chignait encore - la route, et la route, que la route au loin. La route et ses lignes jaunes et blanches qui me réconfortent toujours. Et puis encore. Je n'en pouvais plus et donc je l'ai prise à deux mains, de par le cuir de mon volant et de par la pédale de gaz qui s'enrouillait un peu, mais sans grincement ou complainte, c'est l'Est qui s'enlignait devant, tout droit devant.
Et je respirait mieux, et que c'était bon de crier au vent - même humide. Surtout humide. Sentir le brouillard nous coller à la peau, puis le vent, doux, venir lécher la fragile couche de rosée sur mes joues, mes bras, mes chevilles. Je me cachais derrière mes verres noirs et puis je filais, et puis je volais aussi, je chantais et je riais, même seule.
Surtout seule.
Et puis finalement faire trotter mes orteils dans l'herbe fraîche et dans la terre mouillée, mais pleine, la nature qui se réveillait encore sous cet arôme sublime des fleurs à l'aube. Respirer, enfin emplir mes poumons de cet air tant aimé, tant écrit aussi. Je regardais encore les pages de mes années passées s'envoler au-dessus de l'étang et puis j'étais bien, et pleine - enfin sourire au passé, parce que rien n'est parfait, mais je crois encore au caractère unique de ces pages barbouillées, d'encre ou de larmes, de mépris ou d'amour.
Je crois encore que je dors mieux et sans artifices alors que mes couvertures volent au vent, alors que mon oreiller n'est que l'herbe folle, alors que mon toit est décoré d'étoiles, je crois encore que les lucioles ne se découvrent que pour moi, et que la lune ne se dénude que pour mieux veiller sur ma nuit.
Je crois encore en moi, après tout. Et surtout malgré tout.
1 commentaire:
C'est l'essentiel, le reste, ça vient tant mieux ... ça va et tant pis.
L'illumination matinale si on veut!
Publier un commentaire