C'était une chaude soirée d'été, la première, et l'été se plaisait à être doux et musical. Ce n'est qu'allongée sous le soleil qu'elle a pu fermer les yeux et ne tendre la main que vers le vin blanc de son verre. Quelques gouttes de sueur perlaient sur la courbe de son ventre. Elle fermait les yeux et était bien.
Et malgré tout, toujours une voix qui lui parvient des brouillards de ses songes, qui vient percer son confort et son silence - une voix grave, une voix sombre, une voix qui convoite.
Elle n'a pas ouvert les yeux et s'est tue, par manque de force. C'est qu'elle traîne cette fatigue lassante depuis toujours, aujourd'hui étant comme hier et encore plus comme ses lendemains - et puis elle avait la tête lourde et les doigts relâchés vers le vide, vers le sol, étendue au soleil et la tête bourdonnante.
Elle se donne toujours en premier. Avant les baisers ou les mains entrelacées, elle se donne - ou alors non, elle ne se donne pas, elle s'offre, elle s'offrande, sans arrières-pensées ou sans promesses, elle se jette dans les plaisirs et dans l'ivresse, pas au premier venu, pas du tout, mais elle se prête au jeu et est toujours, immanquablement, la seule à en décider. Parce que tout peut se confondre, et parce qu'elle sait exactement ce qu'elle désire.
Alors bon, et puis quoi?
Ce n'est que ma langue sur ta peau, et puis mes lèvres entourant ton coeur battant, au creux de ma bouche, ce ne sont que des chimères qui ne durent qu'un temps.
Et elle ferme les yeux sur l'inlassable sonnerie qui ne la sort pas de sa torpeur.
Demain. Peut-être.
Pour le moment, l'été se fait chaud et beau. Pour le moment, elle dort encore.
2 commentaires:
ouf.
j'aime tant lire ici.
Chaque mot , chaque son qui laissent en moi des échos...
M.
Vivement l'hiver, ne serait-ce que pour le froid si accueillant envers le récomfort...
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