26.3.08

Les yeux d'un autre

Je me souviens d'un mots croisés sous les nuages gris, au chalet. Tu m'avais alors dit que mes yeux étaient de la même teinte - je les savais fiévreux de désir, gris opaque et non bleu clair. Je tentais de me concentrer sur la grille noire et blanche, blanche et noire, je regardais les lettres se poser dans les cases; le soleil se dénudait paresseusement dans le ciel.
Tu as eu envie d'une promenade sur le lac. Moi aussi.
Tous les mots se sont envolés. J'avais le visage tournée vers le soleil, c'était bon de voir le tien dans le rétroviseur, serein, amusé. L'eau était chaude, le vent froid. Je me suis assoupie au mouvement des vagues, insouciante de ton regard vert maintenant posé sur moi.
Tes yeux à ce moment-là, tes yeux quand tu as su.
Jamais autre aveu que tes yeux dans la nuit noire.
Je l'entendais parler, lui, mais pourtant, je ne voyais que tes yeux, jusqu'à ne plus entendre du tout.
Jamais autre mort que tes yeux ce soir-là.

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