23.5.08

Oc

Elle marche le long du chemin. Elle fait de petits pas, il y la boue qui se faufile entre ses orteils - le sol n'a pas eu de répit depuis la dernière pluie. Alors elle sautille entre les flaques, elle s'amuse au son de la terre détrempée sous ses pas. Le soleil a beau être haut, si haut dans le ciel, l'air est frais, et il y a d'immenses nuages opaques à l'horizon.
Elle trouve un endroit retiré, au sec, et elle s'assoit sur un tronc d'arbre mort. C'est immense sous elle, toute cette vie éteinte. Immense, aussi, son sentiment de vide.

Elle, si vide, sous le ciel si plein, si beau. Le bleu du ciel, le gris de ses yeux attristés. L'attente est longue, mais ses mots sont si doux. Elle aime le contraste, elle aime dormir alors qu'il regarde encore le soleil qui ne finit plus de se coucher au loin - son astre qui est déjà substitué dans le ciel, qui est lune, orange ou rouge.

Elle se couche le long du tronc et les lilas en fleurs laissent tomber quelques pétales sur ses cheveux emmêlés de la dernière nuit. Ses rêves sont maintenant clairs, la nuit, et c'est la brise fraîche, encore fraîche malgré le printemps, qui réveille ses yeux ou alors c'est la douce mélodie de son appel. Ses rêves sont clairs, absolument.

Elle l'imagine, qui la regarde alors qu'elle ouvre les yeux à l'aube, elle qui ne serait soudainement plus fatiguée du tout, et elle sourirait de le voir si éveillé devant sa nudité matinale. Dans sa nudité matinale. Elle l'imagine, si plein, si présent, tracer le contour de ses rêves que par ses yeux qui seraient gris, parce qu'emplis des siens, à elle. Ils seraient finalement là, tous les deux, à la même heure au même moment, finalement lire dans leurs yeux ce qu'ils se chuchotaient à intervalle, depuis si longtemps, malgré tout.

Et puis ça serait bleu, vert et gris, et puis ça sera doux, chaud et viscéral - tu sais, et je sais aussi, que des histoires comme la nôtre, c'est ce qu'on attendait, ce qu'on souhaitait tout bas, tout haut parfois, alors que la solitude ne peut plus plaire complètement. Des histoires à raconter, à lire aussi, ce sont des histoires comme on n'en fait plus.

Et je m'accroche à toi.

C'est à partir de toi, cette nuit, que j'ai décidé de dire oui à la vie.

1 commentaire:

dean a dit...

Tellement beau. Tellement.

C'est indescriptible comment tu décris ces choses.