Elle aime rentrer chez elle et sentir, malgré tout, une légère fraîcheur entourer ses chevilles. Monter les marches lentement, lancer son sac sur le sol, envoyer ses gougounes voler contre le mur et se laisser tomber dans ses draps défaits - ils sentent encore la pluie. Et ça la fait sourire.
Elle aime aussi beaucoup se changer pour ne mettre que le strict nécessaire à sa pudeur, redescendre pour se cuisiner un plat réconfortant improvisé, et lire son roman, les fesses sur le comptoir froid, pendant que les pâtes bouillent, que la sauce mijote et que les légumes sautent. Elle aime saupoudrer avec excès ses pâtes de fromage romano, puis descendre au sous-sol, un verre de blanc bien froid à la main, aller s'asseoir à même le tapis, un coussin dodu entre les jambes, pour dévorer le tout en écoutant sa série préférée. Et ça la fait sourire.
Et aime ensuite faire tranquillement la vaisselle et terminer son verre de vin, elle aime chanter au son de la radio qui déverse son lot de mélodies, ses rythmes et ses humeurs - à elle aussi. Elle aime aller récupérer le reste de sauce avec son doigt, dans le fond de son bol, elle aime goûter à la dernière parcelle, du bout des doigts, jusqu'au bout de sa langue. Et ça la fait sourire.
Elle aime davantage défaire ses cheveux d'un geste sec, enlever sa bague de bois et la déposer sur le tabouret jaune, elle aime jeter ses vêtements pêle-mêle sur la céramique glacée, elle aime se faire une grimace dans la glace et entrer dans la douche, sous le jet encore bien plus glacial, et fermer les yeux, sentir l'eau contre ses reins et ne plus penser à rien. Imaginer le lac, et la forêt, le lac à l'aube. Et ses yeux après l'amour. Au lac. Et ça la fait sourire encore plus.
Elle aime terminer son livre entre les draps refaits, lire les dernières lignes et sentir l'eau sécher tranquillement sur son ventre, ses cheveux dégoutter sur ses épaules, friser doucement dans la nuit humide. Elle aime lire la dernière phrase, fermer le livre qui embaume encore et fermer les yeux, enlever ses lunettes et les poser sur le bord de sa fenêtre, se retourner parmi les oreillers et les draps devenus chauds, s'énerver un bon coup et rire ou crier, pour rien, pour le plaisir, et elle aime fermer les yeux et sourire, sourire encore, malgré tout - elle vit à nouveau et bien malgré tout, elle vie et la nuit est belle.
Et ça la fait sourire.
2 commentaires:
Ce texte la fait sourire.
Merci! ;)
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