20.6.08

Soupir

Elle ne pensait qu'à la sensation prochaine, cette brûlure agréable, ce goût de noisette qui allait descendre le long de sa gorge froide et la goutte qui allait perler sur sa lèvre pleine. Elle tirait sur sa cigarette, lascivement, et le fixait - ses yeux, les siens, noirs et entrouverts sur la nuit, la sienne.

Elle ne voyait que le liquide ambré danser contre les glaçons.

Les glaçons contre sa gorge brûlante, qui fondent et qui coulent sur sa peau, la sienne, et sa langue qui viendrait y poser une touche de noisette. Elle perdait son regard parmi les volutes de fumée dorée, puis il réapparaissait, toujours aussi noir et plein d'elle, avide de visions tant imaginées. Je veux tout.

Tu ne me mérites pas. Les noisettes et l'alcool, ou la nuit et les flammes, rien du tout.

Et c'est lorsque que je me pencherai sur toi, alors que tu lèveras les yeux vers moi, moi et mes mains bien agrippées à tes cuisses, alors que je me pencherai vers toi, mon amour, ma haine, c'est à ce moment - ma haine, mon amour - que tu verras que mes yeux ne sont pas les siens, ceux que tu croyais alors aimer et ceux qui reflétaient un lendemain promis.

Et puis, à quoi bon?

Seulement, il y a tes mots qui me pénètrent, encore, et jusqu'aux trippes, et seulement, il y a mes rêves qui brouillent, encore, l'image que j'ai de toi, ce dont je pense de toi, et chaque jour et chaque soir - le noir, mon amour, ma haine, le noir qui vient me border et les cigales qui se taisent sous la lune écarlate.

Elle faisait tournoyer l'alcool de noisette dans son verre et les glaçons venaient se cogner contre les parois. Elle souriait. Satisfaite. Elle semblait dégager une aura de sexualité frappante. Les flammes se dessinaient sur sa peau brune, sa gorge et son cou glacés s'offraient ouvertement, les battements de son coeur cognaient sur sa peau offerte.

Et ses yeux fermés sous la caresse, la caresse qui la ploie, qui la cueille aussi, la gifle qui lui ferme les yeux, le cri qui s'éteint dans la nuit.

Tu me chercheras dans le noir de ses yeux. Tu regretteras. Et elle danse dans la nuit ambrée, et puis c'est n'importe quoi.

2 commentaires:

Yano a dit...

Soupir certain :)

Anonyme a dit...

On se sent emporté et puis... c'est n'importe quoi :D Finale pour le moins brutale.