J'aime tes yeux sur mes mots, mes ébauches ou mes fins. Tes yeux qui se plissent de concentration ou d'adoration, que tes yeux qui deviennent rieurs, parfois, sans jamais que ça ne tombe dans la moquerie, même amicale, même amoureuse, j'aime tes yeux sur mes mots timides et incertains.
Comme j'ai aimé venir effleurer la peau de ton dos de mes lèvres, à peine caresser le frisson qui montait malgré le sommeil, venir poser ma main à plat sur ton ventre calme, ton ventre brûlant de cette nuit d'été. Comme j'ai aimé ta peau au matin jaune, mon nez qui aime agacer le grain de cette peau brune, si douce, si douce...
Je ne crois pas que tu as idée - à quel point mes mots s'envolent déjà vers ta peau, après un effleurement si léger, et par deux fois j'ai osé venir m'abreuver de toi, de notre complicité délicieuse qui dure depuis plus longtemps que le désir, par deux fois seulement et j'étais repue de toi, à bout de souffle et à fleur de peau. À bout de souffle, vraiment. J'ai eu peine à m'endormir, finalement m'endormir - tu provoquais des sautes d'émotions incroyables en moi, tu sais, et j'avais peine à me contenir, me contentant gentiment de recevoir toute la décharge de plein fouet, tout ce désir qui somnolait entre nous, je me contentait de le ressentir sans tenter de l'atténuer ou de le taire, seulement trembler dos à toi, face à toi, les lèvres offertes, même aveugles, même incertaines.
Le baiser n'est pas venu, et c'est tant mieux.
La caresse ne s'est pas posée contre mon dos, et c'est très bien.
Tu n'as rien dit, absolument rien soupiré ou gémis, et je crois que tout est bien ainsi.
Parce qu'à voir tes yeux couleur noisette briller ce matin, sous le soleil ou sous la fatigue de cette nuit trop courte, ils brillent malgré tout - et tu as pris ma main dans les deux tiennes, entre deux pas, et entre deux regards. Tes doigts ont pressé la paume de ma main, contentée, et je sais que la prochaine nuit sera aussi délicieuse d'attente, de désir et de rires complices.
Je ne veux que toi, et bien malgré moi.
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