20.5.08

Syringa - Pour un songe

C'est que je n'y arrive plus tout à fait. C'est qu'il y a la pluie, puis il y a les nuages, le vent froid, il y a même la lune muette ou les étoiles qui ne filent plus - seulement, je n'y arrive pas tout à fait. C'est une loupe jaune ou bien bleue, y'a mes yeux qui regardent à travers cette loupe et qui n'arrive pas à apercevoir la moindre parcelle noire ou grise, même le blanc nous va.

Les larmes deviennent douces et sucrées, les moues sont invitantes et, malgré tout, souriantes, et puis y'a mon corps qui ne répond plus malgré les coups, chaque jours les coups sur mon corps et ma tête, les bulles multicolores viennent se poser avec délicatesse sur mes doigts abimés et tout devient joli.

Seulement, je sais que la vie est belle et jaune, que l'aventure et le vent coule doucement parmi les jours heureux, que même les larmes peuvent couler sur un sourire.

Et je sais que la nuit a appelé mon cri, hier soir, à la vitesse de la route, que j'ai crié plus fort que moi ou toi, je sais que la lune orange était immense, à la lueur des lampadaires défilants - je criais parce que je sentais venir le moment où tout allait basculer, à tord et à travers, et je sentais le Nord m'appeler encore.
Pas cette fois.
Depuis toi, tu sais, plus de traces de mes fantômes adorés, la nostalgie a foutu le camp, et les sanglots, les violents sanglots avinés des soirs esseulés - rien de tout ça. Depuis toi, c'est l'Ouest et la mer, depuis toi, ce sont les draps satinés et les couleurs de ta peau et de ta langue, depuis toi...
Pas cette fois.
Je criais encore, ce matin, seulement avec un peu moins de bulles dans la tête, ce n'était pas un sourire sur mes lèvres qui laissait filer ce cri, mais un rictus amer, légèrement amer et incertain, j'aurais besoin que tu viennes prendre ma main ou moi au complet, y'a les mots qui n'y arrivent plus tout à fait.
Et, tu vois, une fois les nuages soufflés au loin ce matin, il y a encore et toujours cet arc-en-ciel devant mes yeux, tout un amalgame de couleurs devant mes yeux, et le lilas qui souffle son parfum gorgé de souvenirs.

3 commentaires:

dean a dit...

"les violents sanglots avinés des soirs esseulés", j'aime bien ces mots mis ensemble.

Non, pas cette fois. Du tout.

L'arc-en-ciel est toujours là, et il t'attend.

dean a dit...

C'est beau, tout ça. Très beau même.

beck a dit...

Merci... c'est toujours un plaisir de lire vos commentaires, mon cher.