13.4.10

Prunelle

Je me souviens.
Du trou dans le genou de mes jeans, du chandail blanc un peu trop grand que je portais négligemment, de la noirceur de la nuit, de l'attente. Surtout de l'attente et de l'excitation.
Il y a si longtemps, pourtant.
Tu me regardais, patient, terminer le travail de littérature que je me devais de terminer. Nous parlions peu, malgré le sentiment pressant d'être ensemble.
Te souviens-tu? Au moment de se quitter, au moment de dire au revoir, tu t'es dandiné joyeusement, timidement, les mains dans les poches et le regard baissé... ton baiser était doux, souriant, nouveau, enflammé.
Tant de choses se sont passées entre nous depuis ce temps. Nous ne sommes plus les mêmes, et pourtant, toujours fidèles à nos souvenirs cassés, récupérés, empoisonnés.
Merveilleux.
Je ne me souviens plus de tes yeux, je ne me souviens plus de tes doigts grattant ta guitare, je ne me souviens plus nos éveils sous le soleil de mai. Nous n'avons plus de saison, plus de musique, nous ne sommes que des songes mélancoliques, bucoliques.
Les fils qui nous retiennent n'en sont que davantage troublants ou fascinants, sous le soleil ou sous la pluie.
Je ne peux me résoudre à effacer les douceurs de certains souvenirs. Je me souviens. Néanmoins. Pour un instant.

1 commentaire:

Unknown a dit...

Je peux comprendre que ça soit inoubliable.