30.6.08

La mine de mon crayon

À savoir si c'est le soleil et la chaleur, ou encore si c'est la chair qui m'enivre et me perd, à savoir si ce sont les arômes estivales, ou si ce sont les mots qui s'envolent tout à coup - à savoir si c'est le bien-être de mes saisons qui m'apaisent et engourdissent les syllabes. Je ne sais pas.

Je ne sais rien de la langueur de ma ponctuation. Je ne sais rien de la paresse de mes voyelles. Et je ne sais rien de mes plumes qui se perdent dans mon brouhaha, dans mes lunes ou dans mes manques.

Alors à savoir si mes pages sont blanches ou noires, je n'en sais rien.

Et pourtant, il y a ma tête qui bourdonne de couleurs, il y a ma peau qui frissonne de sensations éparses, il y a mes yeux qui ne se ferment plus, il y a ma langue qui abonde de saveurs merveilleuses. Délicieuses. Trompeuses. Merveilleuses.

Mes points de suspension veulent courir sur ma peau et voler vers les étoiles de mon ciel, ils crient ce que je n'ose jamais dire, mais que je pense ardemment, mes points de suspension qui parlent plus que jamais. Les parenthèses me fuient, mais les tirets et les exclamations se font ardents, absents, innocents. C'est un amalgame étourdissant qui me fait perdre mes mots.

Trop souvent.

C'est vivre pour écrire, écrire pour respirer, mais imaginer les mots s'enfiler et vivre me les font oublier une fois couchés sur papier. Je ne les couche plus sur papier. Ils ne se laissent plus attraper, d'ailleurs - ils virevoltent encore malgré que le moment soit passé, éteint, tué.

Alors à savoir ce que je fais de mes mots... aucune idée.

25.6.08

Ne me prends pas la main et je ne prendrai pas la tienne

C'était une chaude soirée d'été, la première, et l'été se plaisait à être doux et musical. Ce n'est qu'allongée sous le soleil qu'elle a pu fermer les yeux et ne tendre la main que vers le vin blanc de son verre. Quelques gouttes de sueur perlaient sur la courbe de son ventre. Elle fermait les yeux et était bien.
Et malgré tout, toujours une voix qui lui parvient des brouillards de ses songes, qui vient percer son confort et son silence - une voix grave, une voix sombre, une voix qui convoite.
Elle n'a pas ouvert les yeux et s'est tue, par manque de force. C'est qu'elle traîne cette fatigue lassante depuis toujours, aujourd'hui étant comme hier et encore plus comme ses lendemains - et puis elle avait la tête lourde et les doigts relâchés vers le vide, vers le sol, étendue au soleil et la tête bourdonnante.
Elle se donne toujours en premier. Avant les baisers ou les mains entrelacées, elle se donne - ou alors non, elle ne se donne pas, elle s'offre, elle s'offrande, sans arrières-pensées ou sans promesses, elle se jette dans les plaisirs et dans l'ivresse, pas au premier venu, pas du tout, mais elle se prête au jeu et est toujours, immanquablement, la seule à en décider. Parce que tout peut se confondre, et parce qu'elle sait exactement ce qu'elle désire.
Alors bon, et puis quoi?
Ce n'est que ma langue sur ta peau, et puis mes lèvres entourant ton coeur battant, au creux de ma bouche, ce ne sont que des chimères qui ne durent qu'un temps.
Et elle ferme les yeux sur l'inlassable sonnerie qui ne la sort pas de sa torpeur.
Demain. Peut-être.
Pour le moment, l'été se fait chaud et beau. Pour le moment, elle dort encore.

20.6.08

The Beatles - Girl

Soupir

Elle ne pensait qu'à la sensation prochaine, cette brûlure agréable, ce goût de noisette qui allait descendre le long de sa gorge froide et la goutte qui allait perler sur sa lèvre pleine. Elle tirait sur sa cigarette, lascivement, et le fixait - ses yeux, les siens, noirs et entrouverts sur la nuit, la sienne.

Elle ne voyait que le liquide ambré danser contre les glaçons.

Les glaçons contre sa gorge brûlante, qui fondent et qui coulent sur sa peau, la sienne, et sa langue qui viendrait y poser une touche de noisette. Elle perdait son regard parmi les volutes de fumée dorée, puis il réapparaissait, toujours aussi noir et plein d'elle, avide de visions tant imaginées. Je veux tout.

Tu ne me mérites pas. Les noisettes et l'alcool, ou la nuit et les flammes, rien du tout.

Et c'est lorsque que je me pencherai sur toi, alors que tu lèveras les yeux vers moi, moi et mes mains bien agrippées à tes cuisses, alors que je me pencherai vers toi, mon amour, ma haine, c'est à ce moment - ma haine, mon amour - que tu verras que mes yeux ne sont pas les siens, ceux que tu croyais alors aimer et ceux qui reflétaient un lendemain promis.

Et puis, à quoi bon?

Seulement, il y a tes mots qui me pénètrent, encore, et jusqu'aux trippes, et seulement, il y a mes rêves qui brouillent, encore, l'image que j'ai de toi, ce dont je pense de toi, et chaque jour et chaque soir - le noir, mon amour, ma haine, le noir qui vient me border et les cigales qui se taisent sous la lune écarlate.

Elle faisait tournoyer l'alcool de noisette dans son verre et les glaçons venaient se cogner contre les parois. Elle souriait. Satisfaite. Elle semblait dégager une aura de sexualité frappante. Les flammes se dessinaient sur sa peau brune, sa gorge et son cou glacés s'offraient ouvertement, les battements de son coeur cognaient sur sa peau offerte.

Et ses yeux fermés sous la caresse, la caresse qui la ploie, qui la cueille aussi, la gifle qui lui ferme les yeux, le cri qui s'éteint dans la nuit.

Tu me chercheras dans le noir de ses yeux. Tu regretteras. Et elle danse dans la nuit ambrée, et puis c'est n'importe quoi.

18.6.08

I'm a doll

Inévitablement - y'a des hommes et des hommes qui, chaque jour, entrent par la porte, saluent à peine la créature que je suis, et puis, une fois qu'ils m'ont remarquée, jolie, détournent le regard vers mes seins.
Inévitablement.
Je suis une bête de cirque.
Et si vous me sifflez un air, je fais quelques pas de danse. Parce que, dans ce monde, ce bas-monde utopique, je baise le premier homme venu pour un regard vers mes seins.
Inévitablement.

Anna Nalick - Breathe (2AM)

Pour moi, cette fois.

16.6.08

Dix

Je n'en pouvais plus de l'air humide et de tout ce voile opaque et gris et puant sous le ciel qui chignait encore - la route, et la route, que la route au loin. La route et ses lignes jaunes et blanches qui me réconfortent toujours. Et puis encore. Je n'en pouvais plus et donc je l'ai prise à deux mains, de par le cuir de mon volant et de par la pédale de gaz qui s'enrouillait un peu, mais sans grincement ou complainte, c'est l'Est qui s'enlignait devant, tout droit devant.
Et je respirait mieux, et que c'était bon de crier au vent - même humide. Surtout humide. Sentir le brouillard nous coller à la peau, puis le vent, doux, venir lécher la fragile couche de rosée sur mes joues, mes bras, mes chevilles. Je me cachais derrière mes verres noirs et puis je filais, et puis je volais aussi, je chantais et je riais, même seule.
Surtout seule.
Et puis finalement faire trotter mes orteils dans l'herbe fraîche et dans la terre mouillée, mais pleine, la nature qui se réveillait encore sous cet arôme sublime des fleurs à l'aube. Respirer, enfin emplir mes poumons de cet air tant aimé, tant écrit aussi. Je regardais encore les pages de mes années passées s'envoler au-dessus de l'étang et puis j'étais bien, et pleine - enfin sourire au passé, parce que rien n'est parfait, mais je crois encore au caractère unique de ces pages barbouillées, d'encre ou de larmes, de mépris ou d'amour.
Je crois encore que je dors mieux et sans artifices alors que mes couvertures volent au vent, alors que mon oreiller n'est que l'herbe folle, alors que mon toit est décoré d'étoiles, je crois encore que les lucioles ne se découvrent que pour moi, et que la lune ne se dénude que pour mieux veiller sur ma nuit.
Je crois encore en moi, après tout. Et surtout malgré tout.

13.6.08

Venerdi

"Tout est bien qui ne finit pas, va."

R. Ducharme

12.6.08

Alors, quoi?

C'est pas une bonne journée... même que c'est une journée rudement mauvaise. Il vaudrait mieux qu'il orage, je crois. Ouais. Orageons donc. C'est une mauvaise journée.
Et elle ne semble pas prendre le dessus, après tout. Du tout, du tout.

11.6.08

Automne

Elle regarde couler son café, accoudée au comptoir, comme hypnotisée par le filet brun qui dégage cet arôme si réconfortante et matinale. Elle le regarde couler, donc, et se dit que ça y est - le lot de changements qu'elle souhaitait tout bas, c'est maintenant ou jamais.


Oui, elle est bien. Ses murs bleus et bruns et beiges ne l'enserrent plus, elle les regarde d'un air serein, maintenant, n'empêche qu'elle ne se sent plus chez elle - tous ces souvenirs qui s'accumulent encore et qui débordent de par tous les tiroirs et toutes les cachettes. Non, ce ne sont plus ses murs, ce n'est plus sa fenêtre qui laissait passer, pourtant, tellement de brises connues. Ce n'est plus son espace, même si elle n'y étouffe plus, ce n'est plus sa place.
C'est une nostalgie prenante, mais elle anticipe le renouveau d'un oeil bien meilleur, plus brillant, nettement plus lucide.
Avoisiner de nouveaux immeubles, fréquenter de nouveaux couloirs, s'asseoir sur de nouveaux comptoirs et tout. Apprendre ou déconnecter, seulement dans ses airs et dans ses aises bien à elle.
Le café coule et déborde un peu, maintenant, mais la tasse n'est pas encore tout à fait pleine.
Ça viendra.
Elle n'est pas encore tout à fait douée pour le bonheur - questions d'occasions à saisir - mais ça viendra.
L'Automne. Son Automne.

10.6.08

You've got mail

Un seul mot et puis c'est la brume sur le bleu de mes yeux - c'est un paquet à travers le pays, et qui ne court pas vers moi.
C'est un adieu plutôt froid, tu ne trouves pas?
Il y a de ces signes qui ne s'effacent pas - ils semblent se multiplier contre moi, ou envers toi. Mais ils sont bien là.
C'est à n'y rien comprendre.

Jour nouveau - Et j'attends

Elle aime rentrer chez elle et sentir, malgré tout, une légère fraîcheur entourer ses chevilles. Monter les marches lentement, lancer son sac sur le sol, envoyer ses gougounes voler contre le mur et se laisser tomber dans ses draps défaits - ils sentent encore la pluie. Et ça la fait sourire.
Elle aime aussi beaucoup se changer pour ne mettre que le strict nécessaire à sa pudeur, redescendre pour se cuisiner un plat réconfortant improvisé, et lire son roman, les fesses sur le comptoir froid, pendant que les pâtes bouillent, que la sauce mijote et que les légumes sautent. Elle aime saupoudrer avec excès ses pâtes de fromage romano, puis descendre au sous-sol, un verre de blanc bien froid à la main, aller s'asseoir à même le tapis, un coussin dodu entre les jambes, pour dévorer le tout en écoutant sa série préférée. Et ça la fait sourire.
Et aime ensuite faire tranquillement la vaisselle et terminer son verre de vin, elle aime chanter au son de la radio qui déverse son lot de mélodies, ses rythmes et ses humeurs - à elle aussi. Elle aime aller récupérer le reste de sauce avec son doigt, dans le fond de son bol, elle aime goûter à la dernière parcelle, du bout des doigts, jusqu'au bout de sa langue. Et ça la fait sourire.
Elle aime davantage défaire ses cheveux d'un geste sec, enlever sa bague de bois et la déposer sur le tabouret jaune, elle aime jeter ses vêtements pêle-mêle sur la céramique glacée, elle aime se faire une grimace dans la glace et entrer dans la douche, sous le jet encore bien plus glacial, et fermer les yeux, sentir l'eau contre ses reins et ne plus penser à rien. Imaginer le lac, et la forêt, le lac à l'aube. Et ses yeux après l'amour. Au lac. Et ça la fait sourire encore plus.
Elle aime terminer son livre entre les draps refaits, lire les dernières lignes et sentir l'eau sécher tranquillement sur son ventre, ses cheveux dégoutter sur ses épaules, friser doucement dans la nuit humide. Elle aime lire la dernière phrase, fermer le livre qui embaume encore et fermer les yeux, enlever ses lunettes et les poser sur le bord de sa fenêtre, se retourner parmi les oreillers et les draps devenus chauds, s'énerver un bon coup et rire ou crier, pour rien, pour le plaisir, et elle aime fermer les yeux et sourire, sourire encore, malgré tout - elle vit à nouveau et bien malgré tout, elle vie et la nuit est belle.
Et ça la fait sourire.

9.6.08

Nuit d'été

La chaleur était accablante - les premières gouttes de sueur qui nous caressent le dos, ou la poitrine, une goutte qui glisse délicatement entre deux seins, fermes de frissons anticipés, c'est ensuite la douche glaciale qui ressaisit. L'eau salvatrice qui m'enveloppe, le temps d'un moment, pour ensuite me rejeter dans la chaleur, l'humidité, me renvoyer dans tes draps moites.

Le plaisir de la chair alors que la chaleur engourdit. C'est te mouiller de ma langue et goûter ta peau subtilement saline, agripper tes épaules et les adorer - chaudes et fortes, si douces. Gémir dans la nuit, au son des cigales qui hurlent l'été.
Et puis les glaçons qui descendent le long de mon dos, suivant la courbe tant embrassée, enflammée, les glaçons sur tes lèvres aussi, et sur ta langue.
J'ai fermé les yeux et ai décidé que ces mots, ces images ne seraient plus les tiennes, encore moins les nôtres - ni ceux d'un autre, d'ailleurs. C'est l'appel du corps qui se languit, mais sans ennui ou larmes, c'est la jouissance physique, rien de plus. Rien à toi, maintenant, ni les mots, ni les images, encore moins les souvenirs.
Je fais peau neuve, assise au fond de la douche, sous le jet glacé, je ne pleure jamais de toi - mon soleil est plus beau, plus chaud, de mon côté des montagnes.
Et je hurle l'été.
Et je sombre quand ça me plaît.
Et je mords les nuits chaudes qui m'enivrent encore.

6.6.08

Ceci n'est pas pour toi - Second souffle

"How I wish, how I wish you were here
We're just two lost souls swimming in a fish bowl, year after year
Running over the same old ground
What have you found?
The same old fears

Wish you were here
"

Pink Floyd

État d'âme - Je n'y peux rien


Champs de blé aux corbeaux (1890)
V. Van Gogh

5.6.08

Won't you let me know

Et c'est encore dans les yeux d'une amie que l'on comprend le mieux - le miroir de soi-même, même à travers les parois d'un shooter.
Tomber en amitié.
Encore et toujours.

4.6.08

Les lignes d'une vie

Les mains des gens - elles me sont habituellement très révélatrices. Et sont aussi sources d'un sentiment, un immense sentiment de tendresse, pour quelques êtres, spécials ou non, connus ou pas.

Les mains des être aimés, avec toute leur force et leurs marques, au fil des ans, avec toute leur grâce et toute leur fragilité, avec les cicatrices du mal, du temps, ou avec la douceur de la jeunesse.

Les mains de mes hommes - aimées - leurs mains fortes et brunes, du courage jusqu'aux bouts des ongles. Leurs mains qui se serrent alors que leurs lèvres s'entrouvrent. Leurs mains qui, aussi, me serrent alors que leur coeur s'ouvre, s'abandonne, et aime. Qui me frôlent, qui m'empoignent, ou qui ne font que passer - il y a aussi les mains qui aiment tendrement, qui adorent inconditionnellement; les mains de mon père, qui m'ont soulevée à la vie, vers la lumière d'un matin d'automne. Qui, encore, me poussent un peu vers la raison, aveuglément, assurément, qui me propulsent vers le ciel.

Les mains de mon grand-père. Des mains usées et multicolores, des mains qui ont fouillé la terre, qui ont semé mes héritages métisses le long du sillon de son jardin d'antan, des mains qui ont protégé bien des enfants, petites-enfants et arrières-petits-enfants. Les mains patriarcales de mes souvenirs, de grosses mains si douces, malgré tout, qui se meurent à petit feu.
Qui me rappellent les mains de mon père.
Qui seront celles de mon frère.
Les mains de mes hommes - les lignes tracées, les rêves et les buts, ces mains qui tiendront à toujours les miennes, pour le bien ou le mal, pour le noir ou le blanc.
Les mains de mes amours, les mains de ma vie.

Parole, parole

C'est que ça doit faire du bien... dis-moi? Ou alors non, ne me dis plus rien et n'y pense même plus - tes mots sonnent creux, tes lèvres ne me sont plus invitantes et tes yeux sont ceux d'un autre, maintenant.
Je ne sais pas ce que tu fais, mais tu le fais atrocement bien.
Et c'est exactement ça, c'est parfait comme ça.
Parce que mes larmes me font un bien immense, et parce que je dors sans l'angoisse ressentie jusqu'à maintenant, à sentir les mensonges et les accroires, même à des kilomètres de ton corps et de tes yeux.
Tu sais bien, tu me connais... ou pas? Tu n'en sais rien du tout.
Et c'est exactement ça, mon chéri, c'est exactement toi, ça.
Ou pas.
On n'en saura rien du tout, et c'est parfait comme ça.
Et, tu vois, y'a le soleil qui agrippe les nuages à deux mains et qui se fraie un chemin dans le ciel brunâtre, aucunement bleu ou vert, définitivement brun.
Je vais bien.
Mais ça, tu n'en sauras jamais rien.
Et c'est parfait, parfait comme ça.
Et mes yeux qui, eux, sont définitivement gris, et mes yeux qui rencontrent ces inconnus depuis cette nuit, mes yeux pâles qui en cherchent d'autres, opaques cette fois, qui sourient maintenant sous le soleil qui fait refléter des morceau d'or dans ma pupille.
Je vais atrocement bien.

3.6.08

Solfège - Depuis toi

"Il était peut-être mieux de ne pas regarder (en arrière), et plutôt de faire face à la musique."
Tu ne croyais pas si bien dire. Encore une fois, ta prédiction. Tu as senti la musique avant même que je ne l'entende - la trame de ton départ, du mien aussi, la trame sonore d'un nouvel horizon sous le soleil. Parce que le soleil n'était pas bien loin, malgré l'orage qui a éclaté alors que tu parcourais le ciel, que tu fendais l'air glacé de tes ailes légères, tes ailes grises et bleues.
La pluie sur mes joues, l'orage n'aura pas duré assez longtemps pour laver l'asphalte souillée et noire. J'ai claqué la porte, et il y a eu ces mots, ces notes, qui m'ont tout de suite plu - une chanson à notre image, qui a rehaussé mon humeur. Les yeux noircis, mais tranpsarents, les cheveux en bataille sous le vent de l'autoroute bondée, les notes qui hurlaient encore et encore.
La première chanson depuis toi.
Et puis un autre, les notes qui se sont enfilées l'une derrière l'autre, pour accélérer mon pouls et pour imager mes songes colorés, dépeints malgré tout, quelque peu. Et puis une autre. Les chansons qui, toujours, ponctuent et éclaboussent mes états d'âmes hétéroclites, trop changeants, les chansons qui sont notre décor depuis toujours, depuis peu. Toujours une autre.
Toute la soirée, la nuit, et toute la journée, toutes ces mélodies qui me sont tiennes avant tout, toujours ces mélodies qui tombent pile, jamais à plat - ma vie est staccato, piano, ou legato et à toutes les sauces.
Et je regarde au loin, et je n'oublie rien, et je n'attend rien. Je ne fais que regarder vers l'Ouest et sourire à la musique, toute cette musique de notre fable. Je fais face.
Avec la sensation toujours présente de ta main qui tient la mienne.
"Bon matin, Vancouver."