22.7.08

Don't kiss me goodbye

Je ne t'ai pas demandé de rester toute la nuit. Je ne veux pas m'endormir avec tes mains trop insistantes, je ne veux pas de tes lèvres qui mentent, je ne veux pas de tes baisers, alors va-t'en - tu peux laisser la lumière, mais ne ferme pas la porte trop rapidement, laisse-moi respirer un peu de cet air qui n'est pas de toi et qui rafraîchit ma peau encore rouge. Je ne t'ai rien demandé, tu sais, même pas d'entrer, mais j'ai fermé les yeux sur la bévue, tu n'as rien vu de mon indifférence, tu n'as pas senti mon besoin d'indépendance, de solitude, de repos. Alors tu es entré, le sourire aux lèvres, le désir au corps. Les yeux aveuglés par les miens. Tu les dis turquoises, mais ils étaient gris à ton départ. Laisse-moi, allez, sors rapidement, ne regarde pas derrière. Je reste sous les couvertures et je couve mon corps engourdit. Je tends la main vers le vide et ne trouve que ça, du vide, mais ça me plaît, soudainement. Le calme et le vide, l'eau fraîche sur mes lèvres. Tu peux sortir. Je ne veux pas savoir tes mots ni tes jouissances, tu ne sauras pas si ça m'a plu, d'ailleurs, tu sais très bien que si tu le demandes, c'est parce que tu n'as rien vu de mes plaisirs, tu ne connais rien de mes aises et de mon laisser-aller, tu n'as pas fait valser mon corps, tu ne m'as pas fait fermer les yeux. Tu as voulu entrer, oui je t'ai laissé faire, mais tu as voulu trop pénétrer en moi, en mes airs, tu as trop voulu t'imiscer dans mes heures et, pourtant, tu n'y as rien trouvé. Tu peux sortir, retourne là-bas, avec tes amertumes et tes regrets, tu t'allongeras et tu ne porteras pas mon odeur, parce que je ne t'ai rien donné, rien laissé, pas même un sourire, qu'un maigre et faible signe du bout des doigts - plus aucune pensée pour toi, bien avant ton départ d'ailleurs. Je me suis assoupie sans un soupir. Ou alors si, mais quelques-uns, mais aucuns, aucuns provoqués par toi ou ton départ.
J'ai très bien dormi. Et toi?

17.7.08

Et le rêve dans mon sommeil

Je me suis laissée choir, efrontément, dans le hamac qui s'amusait à se balancer sous les arbres, et je lui ai montré le mouvement - celui de me bercer, plutôt, de me cajoler lentement et sous les arbres verts. J'étais tristement bien. Le vent était doux, l'eau coulait bruyamment au loin, et puis tout était parfait, et je crois sincèrement que les arbres sont faits pour être regardés alors que l'on est couché à leur pied, alors qu'on peut admirer toute leur grandeur par en-dessous, alors que leurs feuilles se pavanent en un parasol immense.

C'est ça, la vie?

C'est surtout que le vin ne me quitte plus, aussi. Mais que le hamac m'a bercée en choeur avec la nature, et que mes pensées devenaient claires, quoique coquines, et que le vent courait sur mes épaules.

Et je me suis bêtement assoupie, là, en songeant à ma peau nue que quiconque pouvait apercevoir, et puis on s'en fout - je communique avec ma nature.

16.7.08

Deux heures sous le saule

J'adore cette température. Ahan, vraiment. Je m'emmitoufle dans un long foulard noir, très léger malgré tout, et qui me donne cet air italien qui coule pourtant dans mes veines, mais sans se montrer réellement, et y'a mes yeux qui deviennent ce bleu. Mes yeux qui font se figer même les inconnus.
Parfois, j'aimerais tant avoir les yeux bruns.
Elle écrit de moins en moins, et ne peut même pas se vanter de vivre, de vivre ses mots, ce qui expliquerait un tel silence, mais simplement, elle écrit de moins en moins. Et elle ne lit guère davantage. Dommage. C'est sans angoisse et sans jalousie, c'est seulement qu'elle ne court plus vers le filon de l'inspiration, et puis rien n'arrive, rien de bien, rien de moins, et puis alors elle ne rêve même plus. Elle ne fait que se consoler, et court malgré son envie, oui, elle tourbillonne et elle tombe encore... Elle tombe, et se relève à peine.
J'ai le foulard qui me tombe sur les épaules. Le café embaume et inonde ma gorge - la poussière danse sous le vent, c'est très joli, mais je dois sortir d'ici. N'en peux plus de ces airs, les miens, qui trompent et qui se doivent d'être ainsi, je sens bien que, malgré tout, je dois m'en sortir seule, tu sais, tu vois, tu me crois ou pas? C'est pas si chaotique, mais le vide est indescriptible. Je sens que je devrais être ailleurs, ou au moins m'en préoccuper.
Je ne veux pas que le soleil apparaisse, ce matin, je songe aux vents d'automne, aux couleurs et au froid qui réchauffe, je ne veux plus de mon été.
Mais tu vois, pourtant, j'écris un peu, malgré la lourdeur et le pêle-mêle, j'écris encore un peu sur des bouts de papier déchirés, et c'est pour mieux m'en rappeler.

8.7.08

More than words

Ça me prend à tout coup.

Les première notes d'une mélodie qui s'annonce à la radio, et je retombe vers toi. Même après tant d'années. Tu es la nostalgie qui me prend le plus, tu es la blessure qui ne cicatrise jamais - je revois ton entrée dans la salle de cours, les cheveux longs qui barraient ton regard timide, je revois tout, tes vêtements multicolores et tes lunettes brisées. Ma muse qui s'annonçait, ce jour-là, mon coup de foudre, mon amour et ma peine, mon âme soeur et mon meilleur ami. C'était il y a bien longtemps.

Et malgré tout. Je me souviens de tes mains dans le noir, À bout de souffle, je me souviens de mon nez dans ton foulard bleu et gris et blanc, ton odeur qui m'apaise encore, parfois, alors que mes mémoires me permettent un souvenir olfactif - bonheur éphémère. Et parfois, ta voix qui chante encore, Harmonium ou bien Roberts, tes chansons ou les miennes, puis tes accords qui embrasaient mes mots, mes aveux tout bas, tout ce silence angoissant qui, pourtant, ne demandait qu'à crier, qu'à hurler, qu'à déchirer l'amitié.

Il a fallu des milliers de kilomètres pour nous réunir, il n'a fallu qu'un café pour tout détruire.

Et pourtant... nos chansons se souviennent, elles, se souviennent de tous nos moments, et même si tu me nies, et ce, même si tu raccroches silencieusement alors que mes appels sont en larmes et en désespoir.

J'en ai assez de toutes mes galères.
Ça me perd, ça me ment, ça me sâoule, aussi.
C'est notre chanson, ma flamme, mon aube, ce sont nos mélodies encore et encore qui fredonne cet échec cuisant qui ne me pardonne pas.
Tu te souviens... oui, tu t'en souviens assurément, alors que l'alcool ne console plus, alors que rien ne fait, ni la sueur des ébats, ni les larmes, ni les sanglots, ni les cris ou les regrets.
Je me souviens.
De toi et de moi.
Un peu moins de moi, à présent.

1.7.08

Que toi - Avec ou sans moi

J'aime tes yeux sur mes mots, mes ébauches ou mes fins. Tes yeux qui se plissent de concentration ou d'adoration, que tes yeux qui deviennent rieurs, parfois, sans jamais que ça ne tombe dans la moquerie, même amicale, même amoureuse, j'aime tes yeux sur mes mots timides et incertains.

Comme j'ai aimé venir effleurer la peau de ton dos de mes lèvres, à peine caresser le frisson qui montait malgré le sommeil, venir poser ma main à plat sur ton ventre calme, ton ventre brûlant de cette nuit d'été. Comme j'ai aimé ta peau au matin jaune, mon nez qui aime agacer le grain de cette peau brune, si douce, si douce...

Je ne crois pas que tu as idée - à quel point mes mots s'envolent déjà vers ta peau, après un effleurement si léger, et par deux fois j'ai osé venir m'abreuver de toi, de notre complicité délicieuse qui dure depuis plus longtemps que le désir, par deux fois seulement et j'étais repue de toi, à bout de souffle et à fleur de peau. À bout de souffle, vraiment. J'ai eu peine à m'endormir, finalement m'endormir - tu provoquais des sautes d'émotions incroyables en moi, tu sais, et j'avais peine à me contenir, me contentant gentiment de recevoir toute la décharge de plein fouet, tout ce désir qui somnolait entre nous, je me contentait de le ressentir sans tenter de l'atténuer ou de le taire, seulement trembler dos à toi, face à toi, les lèvres offertes, même aveugles, même incertaines.
Le baiser n'est pas venu, et c'est tant mieux.
La caresse ne s'est pas posée contre mon dos, et c'est très bien.
Tu n'as rien dit, absolument rien soupiré ou gémis, et je crois que tout est bien ainsi.
Parce qu'à voir tes yeux couleur noisette briller ce matin, sous le soleil ou sous la fatigue de cette nuit trop courte, ils brillent malgré tout - et tu as pris ma main dans les deux tiennes, entre deux pas, et entre deux regards. Tes doigts ont pressé la paume de ma main, contentée, et je sais que la prochaine nuit sera aussi délicieuse d'attente, de désir et de rires complices.
Je ne veux que toi, et bien malgré moi.